Séparatisme

Les derniers jours médiatiques ont été animés par la nomination d’un nouveau Premier Ministre, en remplacement d’Elisabeth Borne, congédiée après un an et sept mois de loyaux services. L’âge du nouveau, Gabriel Attal, fait couler beaucoup d’encre. 34 ans, rendez-vous compte, c’est le plus jeune premier ministre de la cinquième République ! On ne va pas ici paraphraser Brassens ce serait lui faire injure, mais il est pourtant vrai que le temps ne fait rien à l’affaire. Car, si on observe le parcours du jeune Gabriel, on est loin, très loin du mythe du self made men, pourtant si cher au cœur de la start-up nation. Comme l’ont noté de nombreux détracteurs, de l’Ecole Alsacienne à Matignon, Gabriel Attal s’est contenté de traverser la rue.

Si Paris n’est pas la France…

Sans surprise, le gouvernement choisi pour exécuter la politique du président est un mélange entre recyclage et promus. La « cohérence » réside à la fois dans l’origine géographique et sociale des ministres. On peut même parler ici, sans fausses pudeurs, d’entre-soi, tant l’homogamie et l’endogamie y sont visibles. Sur 14 ministres, 10 sont Franciliens et la moitié sont nés dans un espace d’un rayon de moins de 13 km autour de Notre-Dame.

Quelques voix se sont émues dès l’annonce du nouveau gouvernement, à la vue d’une telle concentration, inédite jusqu’à présent. Ainsi, Ouest-France intitule son éditorial du 14 janvier « Paris n’est pas la France », François Xavier Lefranc y émet le souhait d’une gouvernance de proximité. Une tribune publiée dès le 12 janvier, cosignée par des élus dans le Huffington Post s’alarme de « ces choix trop parisiens », et souligne que cela provoque un « sentiment d’abandon-et donc une réalité ».

La ministre des JO, Amélie OudeaCastéra, nommée en sus au, pourtant, très chronophage ministère de l’Éducation nationale, est devenue, bien malgré elle, le symbole de cet entre-soi « entregent » cette semaine. Après ses justifications hasardeuses sur la scolarisation de ses enfants dans un établissement privé et huppé parisien, elle a fait face à un scandale concernant le contournement de Parcoursup par son aîné, suivies de révélations sur le montant de sa rémunération en tant que présidente de la fédération française de Tennis. Un vrai feuilleton. Sur ce dernier point, la ministre s’est défendue en accusant le rapport parlementaire d’être « militant ». Terme souvent utilisé avec facilité pour dénigrer l’impartialité ou l’honnêteté d’une accusation, mais un peu curieux lorsque l’on sait que le rapport a été rédigé par des… députés Renaissance.

La Bretagne non plus….

Vu d’ici, de Bretagne, tout cela soulève de nombreuses questions, souvent plus prosaïques. Alors que les hôpitaux y sont en crise, que les urgences régulent ou ferment selon les cas, que des manifestations rassemblent usagers et soignants, à Pontivy, Lannion, Guingamp, Carhaix, nul ministre de la Santé  de plein exercice à l’horizon, pourtant…

Depuis quelques jours ce sont les mondes de l’agriculture et la pêche qui font parler d’eux à leur tour. Ces deux secteurs, importants s’il en est dans la péninsule, connaissent pour la seconde, un arrêt de un mois des prises dans le Golfe de Gascogne, et pour la première, une crise des revenus des exploitants qui n’en finit pas. Les blocages de routes et autres actions coups de poings dont ils sont coutumiers font déjà frémir à Matignon, mais sans que parmi les conseillers ou les ministres, un interlocuteur n’apparaisse en capacité d’ouvrir un dialogue constructif. Comme pour la santé, la question du logement est prégnante, avec des difficultés croissantes partout en Bretagne, pour louer, ou acheter tant la concurrence avec les acheteurs ou loueurs de résidences secondaires est féroce pour les habitants, qui, avec les salaires parmi les plus faibles de l’hexagone, ne peuvent pas faire face à l’augmentation des prix. Là encore, nul ministre du logement dans le nouveau gouvernement.

La célèbre maxime « du pain et des jeux » était autrefois employée pour désigner la méthode pour calmer les ardeurs d’une population en colère. Si la perspective du gouvernement est de se contenter des « jeux », ce sera sans doute très loin d’être suffisant. Alors que se profile déjà un nouveau mouvement d’humeur, dirigé cette fois par le monde rural…

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