Un militant du galo comparaît pour « menaces de mort » contre une élue !

Journaliste un jour, journaliste toujours, Stéphanie Stoll sait manier la plume et tient, depuis son élection au conseil régional de Bretagne en 2020 (liste de Thierry Burlot, majorité présidentielle) un blog qui évoque particulièrement l’un de ses centres d’intérêt, la défense des langues régionales. Stéphanie Stoll a également été la présidente de Diwan, le réseau associatif d’enseignement immersif.

Le 14 décembre 2021, elle poste donc un texte sur l’utilisation du breton (et du galo) dans l’hémicycle régional grâce à la traduction simultanée.

Elle est en fait la publicité sur Twitter (aujourd’hui X) et son message est tagué par le compte @gardsdupaei, qui ne semble pas du tout apprécier qu’elle est mis (et du galo) entre parenthèse et donc agrémente son re-tweet par une photo de tireur d’élite visant une cible qu’on peut imaginer être Stéphanie Stoll.

Cette dernière a donc décidé de porter plainte pour « menace de mort » et l’affaire arrive devant les tribunaux ce 13 septembre, avec Ronan B., un militant « radical » du galo, propriétaire du compte en question. Interrogé le 12 septembre, ce dernier explique : « ce sont ses propos que j’ai épinglé avec le GIF, pas elle. Avec le recul je comprends qu’elle ait pu le prendre autrement. Donc nulle volonté de nuire ou d’intimidé de ma part. On se sent con quand on en est là. »

Pour lui, cette audience sera «  le jour des excuses et des réparations. J’aurais préféré que cela se fasse plus vite pour elle mais il y a eu un retard à l’instruction puis, après, le délai judiciaire. »

Phénomène de « radicalisation galo » ?

Du côté des partisans de Stéphanie Stoll, on met en avant un phénomène de « radicalisation » sur la question du galo à l’œuvre sur le compte très actif du « Gars du pays ». Un phénomène que l’on rencontre chez quelques militants de cette langue d’oil parlée dans une partie de l’est de la Bretagne.

Avec des messages qui peuvent inquiéter, notamment des prises à partie contre ce qu’il nomme les « jacobreizh », des jacobins bretons qui voudraient imposer l’usage du breton partout, notamment en haute Bretagne.

@gardsdupaie publie ainsi régulièrement des photos de panneaux en breton en haute Bretagne qui ont été tagué. Il a aussi relayé les actions de la brigade Albert Poulain. Cette dernière s’est faite connaître récemment par le déboulonnage de panneaux en breton, déposés ensuite devant la mairie de Carhaix en avril dernier. Une action revendiquée auprès du Poher.

Il publie aussi régulièrement des messages menaçants sur X, comme le 28 novembre 2022, envers des fonctionnaires de la Région concernant de futurs panneaux bilingues français-breton sur la RN 164 (Montauban-de-Bretagne).

Traduction simultanée

Une radicalisation qui s’inscrit dans un contexte de développement des revendications autour du galo, bien que ces dernières ne remportent qu’un écho assez discret. En novembre 2022, une manifestation pour le galo à la radio et la télévision n’a réunit qu’une quarantaine de personnes.

Les mouvements autour du galo sont également très divisés, avec notamment deux instituts, dont le Penn-Bazh avait révélé qu’ils étaient en plein affrontement juridique pour une base de données sur une disquette…

Lire aussi : Méli-Melo autour du galo

Quelle réelle demande sociale pour le galo ? Justement, l’article de Stéphanie Stoll évoquait la traduction simultanée en breton, français et galo lors des sessions du conseil régional de Bretagne. Perfide, un observateur attentif de l’institution remarquait à propos de Kaourintine Hulaud (élue depuis 2004), la conseillère régionale qui se met en avant sur la revendication du galo, qu’elle ne l’utilisait presque jamais dans l’hémicycle…

Affaire à suivre donc…

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7 réponses

  1. Fitamant dit :

    Pourquoi les militants de la brigade Albert Poulain ne déboulonnent ou ne koltarent pas les panneaux en français plutôt? C’est pour gagner à leur cause tous les gens qui se foutent et du breton et du gallo? C’est pour gagner le coeur et l’esprit de l’opinion publique française majoritaire?

    • Fier d'être gallo dit :

      Peut-être parce que ceux-ci ressentent comme une véritable AGRESSION intime que leur langue vernaculaire, leur langue traditionnelle soit décrétée par des personnes habitant loin comme étant le breton et non celle qu’ils ont entendu de leur parents, grands-parents et que certains pratiquent toujours.
      Certains militants bretons n’ont toujours pas compris ce choc, cette agression, cette impression d’appropriation de l’identité que constituent ces panneaux en Haute-Bretagne en fait, notamment à l’est.
      Ils ne pourraient comprendre que si l’on mettait des panneaux QHIMPE à Quimper en tenant le discours comme quoi « c’est la langue du pays » et que « il y a une demande sociale autour de ces panneaux » parce que trois pékins un peu braillards ont été voir le maire.
      Mais encore une fois, Erwan Chartier et les lecteurs de ce blog ne peuvent pas le comprendre puisqu’ils fonctionnent comme des parisiens : on ne connait pas le coin mais on sait mieux que les gens du cru ce qui est bon pour eux.

      • Erwan Chartier dit :

        Bonsoir, et bien ! Vous me connaissez bien pour insulter comme ça toute ma famille qui vit en haute Bretagne et avec qui j’ai des échanges régulier sur la question. Merci pour vos nuances. D’ailleurs si vous pouvez continuer à développer, sans ironie, cela m’intéresse beaucoup….

      • Floch dit :

        La seule AGRESSION intime que je vois ici, ce sont les menaces de mort d’un « militant » du gallo envers une élue bretonne. Et c’est la seule chose qui doit être condamnée en ce jour.
        Pour le reste, le discours sur la Haute-Bretagne, l’existence d’un « peuple gallo », les petites gens méprisés… est tellement peu partagé par la population qu’à chaque fois qu’il est tenu ici ou ailleurs, on reconnaît à chaque fois le même auteur caché derrière, tant ses arguments et son style ne sont pas renouvelés, beaucoup moins que ses pseudos en tout cas.
        Merci monsieur d’arrêter de parler au noms des habitants de la Haute-Bretagne. Vous prétendez nous délivrer d’une identité en voulant nous imposer une autre. Vous prétendez parler au nom des gens du cru mais ils ne sont que la caution de vos discours démagogiques. Respectez la Haute-Bretagne et le gallo tel qu’ils sont, que leur évolution vous plaise ou non, plutôt que de prétendre savoir mieux qu’eux ce qui est bon pour eux.

  2. Fier d'être gallo dit :

    Le breton institutionnalisé et embourgeoisé se fait désormais déborder par plus militant (et donc virulent) que lui. Intéressant !
    L’auteur de ces lignes a un petit côté méprisant par rapport au gallo. Il devrait quitter parfois son Poher et parcourir la Haute-Bretagne, autre que Rennes, le gallo progresse partout. Normal : les militants bretons trahissent leur propre population en lui mentant en permanence sur la place des langues en Bretagne.
    Erwan Chartier est intéressant mais il ne connaît pas grand chose à la Haute-Bretagne et à sa réalité quotidienne et historique, j’en ai bien peur.

  3. Bernard Laurent dit :

    Dingue, des militants bretons qui se battent entre eux. Je comprends les gallos tout de même. La brittomania des militants bretonnants est envahissante dans le coin de Rennes. Ils inventent même des noms de ville !

    • C’est le propre d’une langue vivante que de nommer les choses (dont les lieux) dans sa langue. Il y a beaucoup de gens attachés à la langue bretonne à l’est et il y en a m^me qui l’apprennent et veulent la diffuser. Prenez l’exemple de l’actuel maire de Montreuil le Gast / Mousterel ar Gwast dont le conseil a adopté la charte de la langue bretonne (15 km au nord de Rennes)

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