Galo : les droits de réponse de Chubri et Bertègn galezz et la réponse du Penn bazh aux droits de réponse…

Nous publions ici les droits de réponse des  associations Chubri et Bertègn Galezz suite à l’article « Méli-mélo autour du galo », ainsi que nos explications et questions sans réponses…

Le trilinguisme français-breton-galo, c’est en possible partout, comme ici à Argentré-du-Plessis en Ile-et-Vilaine (photo DR).

Dans un message, l’institut Chubri nous a contacté, concernant l’article « méli-mélo autour du galo ». Cette association demande « que vous retiriez immédiatement cette publication ou que vous apportiez un démenti concernant les passages qui concernent l’association. »

Étonnant de demander à un journaliste de retirer un article parce qu’il dérange ou qu’il est impertinent. Attachés aux textes sanctuarisant la liberté de la presse (loi de 1881 et Convention européenne des droits de l’Homme), et considérant qu’ils s’appliquent aussi en haute Bretagne, nous ne supprimerons donc pas cet article. En revanche, aucun problème concernant le droit de réponse de Chubri, exercice d’ailleurs toujours intéressant puisqu’il amène à des éclaircissements et ouvre de nouvelles questions.

L’association indique donc que « Contrairement à ce que laisse entendre l’article, l’institut Chubri n’est pas partie prenante dans la procédure judiciaire en question. L’association n’a d’ailleurs pas été contactée en tant que telle à ce sujet. »

Il n’est pas écrit dans l’article que Chubri était partie prenant de cette procédure qui est le fait de Bertègn Galezz et de Bertrand Obrée. Rappelons cependant que ce dernier joue un rôle  important au sein de l’Institut Chubri. Nous avons même rajouté entre parenthèse l’information sur la non-participation de Chubri à cette procédure judiciaire.

Concernant cette procédure et cette affaire, nous avons contacté Bèrtran Ôbrée. Par SMS, il nous a indiqué qu’il ne souhaitait pas s’exprimer sur ce sujet (la procédure judiciaire contre l’institut du galo), ce qui est choix tout à fait respectable.

L’association Chubri ecrit : « Par ailleurs, la pétition « Du gallo sur la route : recenser d’urgence les noms de lieux » a été lancée dès le 22 juin 2022. Elle aborde spécifiquement le besoin de recensement des noms de lieux. Elle est tout à fait complémentaire du manifeste « Du galo en Bertègn » dont Chubri est cosignataire. Ce n’est donc pas une réaction contre ce manifeste, contrairement à ce qu’indique l’article. »

Dont act ! Pan sur le bec. Nous nous excusons de ne pas avoir totalement saisi l’unanimité régnant autour de cette question. Une unanimité qui ne transparaissait pourtant pas tout à fait à écouter les différents interlocuteurs. L’esprit de ce passage de l’article était plutôt de rendre compte des oppositions entre associations, particulièrement entre les deux instituts qui entendent promouvoir le galo.

D’une manière générale, il ne s’agissait pas d’un article sur Chubri ou visant à porter atteinte à l’image de cette association, mais d’évoquer cette querelle autour d’une base de données qui conduit une personnalité et une association a réclamé une somme que d’aucuns pourraient juger extravagante. Du côté de l’Institut du galo, on nous a d’ailleurs indiqué, en complément depuis, qu’il avait été proposé à Bertègn Galezz de « récupérer la base de données », notamment sous sa forme physique, puisqu’il s’agit d’un fichier conservé sous forme de disquette. Et que l’Institut du galo n’utilisait pas cette base de données et que cette dernière avait été apportée par les dirigeants précédents et non les actuels qui avaient donc hérité de cette assignation en justice.

Il nous semblait donc intéressant pour les lecteurs de publier cette information. En 2022, en effet, plus d’un million d’euros pour une disquette, cela paraît faire un peu cher quand même. Sans compter la difficulté à se procurer une machine encore capable de lire ce genre de support…

Plus largement et au-delà de l’aspect quelque peu cocasse de cette affaire, un autre aspect est à souligner. L’institut du Galo est financé en grande partie par des subventions des collectivités locales et de la Région. S’il devait donc payer une telle somme (ou une partie), il devrait donc le faire avec de l’argent public. Ce qui ouvre d’autres questions et montre que l’affaire ne concerne pas que le petit monde du galo, mais bien l’ensemble des Bretons…

Nous publions aussi « in extenso » le message de Bertègn galezz et Bèrtran Ôbrée. Au lecteur de juger, mais il nous semble surtout illustrer une certaine gène à ce que cette affaire ait été mise sur la voie publique.

Ce droit de réponse n’apporte en tout cas guère de réponses précises aux questions que nous souhaitions poser… Des questions comme, entre autres :

  • Pourquoi avoir assigné l’institut du galo dans cette affaire de base de données ?
  • Comment justifier le montant « conséquent » des dommages et intérêt demandés ?
  • L’énergie et l’argent dépensés dans cette affaire qui oppose deux associations fonctionnant essentiellement de subventions n’auraient-ils pas été mieux employés dans des projets plus positifs ?

En conclusion, il ne s’agissait nullement pour le Penn-Bazh de remettre en cause le bien-fondé de la défense et de la promotion du galo. Ni de porter atteinte à la réputation d’associations et de bénévoles dont tout le monde reconnaît le travail. Au contraire. Cela dit – et désolé, c’est la différence entre le journalisme et la communication -, il est possible de s’interroger sur la représentativité de certaines associations ou personnalités. Peut-on encore sourire de certaines querelles de chapelle ou d’affaires judiciaires un peu « baroques » ?

Enfin, ne paraît-il pas normal de s’interroger sur l’utilisation de subventions pour des politiques linguistiques, sur des fonctionnements et sur l’évaluation des résultats obtenus grâce à ces fonds publics. Ce qui pourrait bien faire l’objet d’un second article…

Le message intégral de Chubri

« Chubri a pris connaissance de votre article. Celui-ci comporte plusieurs informations erronées et porte atteinte à l’image de notre association.

Nous demandons que vous retiriez immédiatement cette publication ou que vous apportiez un démenti concernant les passages qui concernent l’association.

Contrairement à ce que laisse entendre l’article, l’institut Chubri n’est pas partie prenante dans la procédure judiciaire en question. L’association n’a d’ailleurs pas été contactée en tant que telle à ce sujet.

Par ailleurs, la pétition « Du gallo sur la route : recenser d’urgence les noms de lieux » a été lancée dès le 22 juin 2022. Elle aborde spécifiquement le besoin de recensement des noms de lieux. Elle est tout à fait complémentaire du manifeste « Du galo en Bertègn » dont Chubri est cosignataire. Ce n’est donc pas une réaction contre ce manifeste, contrairement à ce qu’indique l’article.

Lydie Porée,

Présidente de Chubri »

Le message intégral de Bertègn gallezz

« Nous prenons connaissance de votre article intitulé « Meli-mélo autour du galo ! » publié le mercredi 21 décembre et modifié le jeudi 22 décembre. 

Nous exerçons notre droit de réponse par le présent message, tant votre article contient des éléments non conformes à la réalité des faits et portant de surcroit atteinte à l’honneur et à la réputation des personnes et associations citées.

Le contenu de votre article est intolérable. 

D’une part, parce qu’il tend à jeter le discrédit sur le bien-fondé de l’action entreprise par les “plaignants”, alors que les faits relatés sont inexacts. 

D’autre part, parce que vous employez volontairement des vocables dépréciant les “plaignants” dans le but de tenter de les faire passer pour des personnes cupides.

Tenter de faire passer les “plaignants” et l’affaire en cause pour des “jeux d’ego”, une affaire de “gros sous” constitue des jugements de valeur qui n’ont nullement leur place dans un écrit journalistique. L’emploi de telles qualifications sont absolument contraires à la déontologie journalistique qui requiert d’examiner tout fait relaté ou rapporté avec vérité, rigueur, exactitude, intégrité et équité. Or ces principes n’ont manifestement pas guidé votre plume lors de l’écriture du “méli-mélo”. 

Pour le reste, nous nous en remettons à la réalité des faits, qui n’ont pas su être retranscrites dans votre article. 

Les gallésants ayant œuvré pendant près de 50 ans et aujourd’hui, au 21ème siècle, celles et ceux qui contribuent inlassablement, contre vents et marées, à la vivacité de leur langue, méritent respect et dignité. 

Vous priant de recevoir nos salutations les meilleures, nous apprécierions la publication in extenso de notre demande de droit de réponse dans votre « regard indépendant sur l’actualité bretonne ». 

Jaqhi Deresnn, président de Bertègn Galèzz, & Bèrtran Ôbrée »

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3 réponses

  1. hamon dit :

    Quand je pense au travail bénévole fait par un Albert Poulain, que j’ai connu il y a 50 ans maintenant avec ses deux copains Youenn Drezen et Albert Lidec, et l’abnégation de sa femme Odette, avec un mari toujours parti sur la route à droite ou à gauche, j’ai honte pour eux de voir ce qui se passe dans le milieu gallo. Et le regretté et passionnant Gilles Morin, des Amis du parler gallo, avec qui nous avions des discutions enflammées, mais en bonne intelligence, sur les rapports entre langues bretonnes et gallèses chez Yann Jégou et Lena Louarn. Que penserait-il de ces sommes réclamées au titre de « préjudice » par des associations grassement subventionnées ?

  2. Herve dit :

    Entièrement d’accord avec monsieur Hamon. Le gallo a gagné ces dernières années en budget et en technocrates ce qu’il a perdu en ancrage local et en vivier de locuteurs actifs. La présence de personnalités toxiques parmi les figures militantes, leur comportement virulent envers les anciens et les usages du gallo qui n’étaient pas les leurs, la haine et l’obsession de certains envers le breton. Autant de problèmes qui en parallèle de ceux soulevés par le travail de monsieur Erwan ont heurté et éloigné beaucoup de gallesants sincères. Le gallo mérite mieux que ces porte-paroles d’eux-mêmes.

  3. Bourguignon dit :

    Y sont rigolos les gallos !
    Y aurait-il des sous en jeu….
    Une enquête est en cours, laissons l’inspecteur Missaire et le commissaire Specteur travailler ainsi que notre envoyé spécial….!

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