Galo : la Brigade Albert Poulain menace Tréhorenteuc et le Temps éditeur

La brigade Albert Poulain, une organisation de défense du galo, a envoyé un nouveau communiqué dans lequel elle menace de déposer les panneaux « non conformes » (comprendre en breton) dérobés à Tréhorenteuc et de s’en prendre au Temps éditeur, la maison d’édition qui a pourtant publié les Algues vertes en galo…

La rédaction de l’hebdomadaire Le Poher, à Carhaix, a reçu une nouvelle lettre de revendication de la bride Albert Poulain, « collectif de défense du gallo ». Comme le précédent communiqué, il était rédigé en français. En avril dernier, ces militants radicaux du galo avaient déposé des panneaux en breton devant la mairie de Carhaix, commune dirigée par Christian Troadec, également vice-président aux langues de Bretagne au conseil régional.

Dans ce nouveau communiqué, la brigade Albaert Poulain constate donc que ses revendications n’ont pas été entendues : « aucune avancée significative n’a été proposée par le pouvoir politique breton quant à la situation du gallo en haute Bretagne. » Dans son premier communiqué, la brigade Albert Poulain expliquait : « L’ensemble des brigadiers attendent désormais deux impératifs dont Christian Troadec a les compétences : 1) que les recommandations internationales sur les minorités culturelles deviennent la norme du pouvoir politique breton. 2) que cesse l’escroquerie de l’office public de la langue bretonne et qu’il se mette en conformité avec la législation française lors de tous ses démarchages auprès des collectivités territoriales. »

Panneaux de Tréhorenteuc ?

Dans le communiqué d’octobre 2023, la BAP indique « de ce fait et dans un délai qui appartient uniquement à notre brigade, les panneaux non-conformes de Tréhorenteuc (notamment) seront déposés hors de Bretagne dans un lieu de décision de l’Etat français. Cette opération pourra être annulée si un geste fort et convainquant est envoyé »

Par non conforme, la BAP semble désigner des panneaux d’entrée de ville en langue bretonne et non en galo. « Rappelons que le gallo est la langue de haute Bretagne et est prioritaire à tout affichage bilingue préalable », pouvait-on lire dans le premier communiqué.

Jointe le jeudi 19 octobre, à la mairie de Tréhorenteuc, on ne cache pas une certaine surprise. Aucun vol de panneau n’a été constaté. « On n’a pas de signalétique en breton », nous explique la secrétaire de mairie. En tapant « Tréhorenteuc panneau » sur un moteur de recherche, on tombe sur une photo ancienne montrant un panneau d’entrée « Tréoc’hanteg ». « On ne sait même pas quand et où a été pris ce cliché », nous indique-t-on en mairie. C’est peut-être sur ma base de cette photo que les « brigadistes » du galo ont rédigé leur communiqué…

Menaces contre Le Temps éditeur ?

La fin du communiqué est relativement confuse, mais semble comporter des menaces à l’encontre du Temps Editeur, basé à Pornic, en Loire-Atlantique : « La Brigade Albert Poulain profite de ce communiqué pour réaffirmer son soutien à toutes les minorités linguistiques ce qui inclu de facto toutes les formes d’expressions. Notre brigade se réserve le droit d’intervenir, si des entreprises locales subventionnées par la Région venaient de nouveau à censurer une minorité linguistique comme lords de la traduction : les algues vertes, l’histoire interdite. » (Orthographe du communiqué respecté).

De fait, Le Temps editeur a publié la traduction en galo et en breton de la BD enquête d’Inès Léraud. Une polémique a éclaté autour de la version en langue bretonne, l’autrice et son traducteur estimant que leurs choix n’avaient pas été respectés, l’éditeur répliquant que la traduction avait été validée. En revanche, la version en galo ne semblait pas avoir fait l’objet de polémiques, comme le confirme Thierry Jamet, directeur de la maison d’édition. « Il y a un militant du galo qui nous poursuit de sa vindicte sur les réseaux sociaux parce qu’on lui avait refusé un manuscrit, cela explique peut être cette menace ? Je ne comprends pas d’ailleurs, car je suis sans doute l’un des éditeurs bretons qui publie le plus en breton… »

Radicalisation galo

Cette organisation clandestine a pris le nom d’Albert Poulain, un collecteur, chanteur et conteur de Pipriac en Ille-et-Vilaine. Défenseur du galo, la langue d’oil parlée dans une partie de la haute Bretagne, Albert Poulain avait aussi appris le breton, qu’il mettait tout autant en avant.

Les revendications de la Brigade Albert Poulain font écho à la radicalisation de quelques militants du galo qui dénoncent un « double impérialisme » à la fois de la part de l’Etat français et des défenseurs de la langue bretonne. En septembre, un militant du galo a ainsi été condamné pour menaces de mort contre la conseillère régionale et ancienne présidente de Diwan, Stéphanie Stoll

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Des échanges de tweets de jeunes militants du galo qui semblaient minimiser les menaces contre l’élue, avaient ensuite entraîné le retrait d’une subvention en commission permanente du conseil régional de Bretagne.

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Cette demande avait été faite par le groupe « Nous la Bretagne » auquel appartient Stéphanie Stoll. Il semblerait que le militant impliqué était un ancien salarié du cercle celtique, reste à savoir si les élus de Nous la Bretagne demanderont le retrait de subventions pour son nouveau employeur.

Stéphanie Stoll : « Il ne s’agit ni d’enfantillages, ni de folklore régionaliste, mais de menaces de destruction de bien public »

Sollicitée, Stéphanie Stoll a réagit : « Il y a quelques semaines de cela, j’ignorais tout de cette prétendue brigade. Aujourd’hui, j’apporte mon soutien aux élus municipaux de Tréhorenteuc et j’attends la condamnation publique par l’ensemble des élus, des menaces de ce prétendue brigade et de ses soutiens :

– qui se distingue par sa pleutrerie en agissant anonymement alors que l’Etat de droit permet de défendre ouvertement les langues régionales,

– manque de respect à la mémoire d’Albert Poulain et à son engagement pour le gallo,

– utilise la destruction de biens publics pour porter une action qui se veut politique, – menace de nouveau de détruire des biens publics Et finalement, révèle son vrai visage puisque la menace porte explicitement sur le vol des panneaux en breton à l’entrée de la commune de Tréhorenteuc, c’est-à-dire qu’il s’agit d’intimider les personnes qui veulent voir ou utiliser la langue bretonne et qui auraient « le tort » d’habiter en haute Bretagne.

Il ne s’agit ni d’enfantillages, ni de folklore régionaliste, mais de menaces de destruction de bien public, cela dans le but d’effacer du paysage la langue bretonne. »

La réaction de Kaourintine Hulaud

Kaourintine Hulaud est l’élue référente pour le galo dans la majorité régionale. Voici sa réaction à la lecture du communiqué de la Brigade Albert Poulain :

« Seul le dialogue permettra à la langue gallèse de retrouver ses lettres de noblesse. Il serait préférable de rencontrer les élus en charge de la signalétique de ce territoire pour échanger  .

Il me semble plus important de convaincre avec une impérieuse nécessité d’œuvrer pour la conscientisation des populations, afin que tous ensemble nous agissions pour sauvegarder et développer la présence de la langue gallèse dans les territoires. »

Le communiqué en intégralité :

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5 réponses

  1. Hamon dit :

    Le « gallo » n’existe pas ; il y avait une multitude de patois, certes d’origine de langue d’oil, mais tous ses locuteurs natifs sont décédés. Il ne reste que des expressions prononcées dans des conservations bien en français. La chimère du « gallo » est donc une supercherie née en 1978 charte culturelle grâce à Giscard, bien content de nier ainsi au breton sa véritable place dans le coeur des bretons (cf sondages, même à l’est de la Bzh).

    • Erwan Chartier dit :

      Le monsieur Hamon qui répond ici n’est pas l’historien rennais Kristian Hamon qui est déjà intervenu sur notre site.

  2. Penn kaled dit :

    L’ombre d’une certaine FM ne plane t-elle pas sur cette obscure brigade ? Cette FM pour qui tous les moyens sont bons pour porter atteinte à la cause bretonne. Ceci dit des extrémistes de la mouvance bretonne lui rendent bien service, en apportant de l’eau à son moulin.

  3. Anne Merrien dit :

    Comme ces panneaux dits bilingues ont été longtemps à la limite de la légalité, il n’y a jamais eu la moindre campagne d’information. On les installe sans explication et encore moins de concertation. Bref, c’est la France.

  4. Dahud dit :

    Ces crétins suffisants ne sont clairs ni dans leurs revendications, ni dans leurs objectifs, ainsi je cite  » les panneaux non-conformes de Tréhorenteuc (notamment) seront déposés hors de Bretagne dans un lieu de décision de l’Etat français. ». Qu’est-ce que cela signifie ? Que la brigade Albert Poulain répond à des directives venues de l’Etat français ? Ou bien qu’il a été pris la décision de déposer les panneaux sur le sol français ? Il y a un manque de clarté dans la rédaction du communiqué. La précipitation leur aura probablement fait perdre leurs moyens, et les voici à s’emmêler les pinceaux.
    Quant à invoquer un double-impérialisme français-breton, vraiment ? Combien de cerveaux aura-t-il fallu à l’élaboration d’une telle réflexion ? Un seul esprit, bien formé, aurait pourtant suffi à ce que le gallo ne pâtisse pas de la bêtise de quelques individus égarés… Car en faisant cela, ils opposent langues bretonne et gallo, en mettant à porte à faux la première. Ils opposent des gens qui devraient pourtant être frères et soeurs de lutte… Et viendront pleurnicher, au final, que personne ne respecte leur combat. Effectivement, si le gallo doit s’émanciper en pointant d’un doigt accusateur le breton, il n’y aura pas beaucoup de monde à rejoindre les rangs de ces brigadiers de salon.

    Bon courage.

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