Sites et monuments s’exprime sur Carnac

La destruction de menhirs à Carnac a provoqué de vives réactions, mais également des réponses gênées du maire de la commune, qui a délivré un permis de construire pour un magasin de bricolage alors que des fouilles avaient été prescrites pour deux alignements de menhirs, sans doute parmi les plus vieux recensés dans le secteur…

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La communication des administrations a été tout aussi chaotique et étonnante, comme si l’on cherchait à nier l’existence de vestiges préhistoriques. Sans compter les récupérations politiques maladroites, comme celle d’Éric Zemmour qui attribue les menhirs aux Celtes…

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Du coup, on a interrogé l’association Sites et Monuments qui est à l’origine d’une plainte ayant déclenché une enquête au pénal sur cette affaire et son président, Julien Lacaze. Une association qui compte plus de 3.000 membres (personnes physiques ou morales) et que toute personne sensible à la protection du patrimoine historique ou naturel devrait connaître. En effet, Sites et Monuments assure une expertise juridique sur de nombreux projets contestés. Alors, n’hésitez pas à les contacter…

Tiens un menhir repéré par les archéologues de l’Inrap en 2015, mais aujourd’hui détruit ou déplacé par les travaux du Monsieur Bricolage de Carnac !

Pouvez-vous présenter l’association Sites et Monuments ?

Nous sommes une association qui a été créée en 1901, l’année de la loi sur la liberté d’association, pour sauvegarder les paysages. Parmi les fondateurs principaux, on trouve Charles Beauquier, député du Doubs, qui est à l’origine de la première loi de protection de l’environnement en France en 1906. Avant la Première Guerre mondiale, l’association avait déjà bataillé sur des sites en Bretagne, notamment pour protéger les rochers de granit du littoral qui étaient alors débité par des carriers pour faire des trottoirs. Il y a donc une continuité dans notre combat jusqu’aux mégalithes de Carnac !

Au fil du temps, nous sommes devenus une association généraliste qui œuvre à la protection du patrimoine bâti, des paysages naturels et de l’environnement. Nous sommes ainsi déjà intervenus dans le Morbihan contre un projet de parc éolien à La Noë.

Vous assurez une expertise juridique ?

Tout à fait et nous avons une centaine de dossiers sur le feu actuellement… La plupart du temps, il s’agit de contester des autorisations au tribunal administratif. Dans le cas de Carnac, nous sommes dans le cadre du droit pénal, ce qui est plus rare, mais à la hauteur de la gravité des faits. Les auteurs ou leurs complices retenus risquent jusqu’à 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende….

L’affaire de Carnac en 2023 est en effet exceptionnelle ?

Oui. Nous avons été mis au courant par plusieurs contacts, ce qui nous a poussé à agir, car il y a une série de disfonctionnements administratifs étonnants. Nous avons mis sur notre site tous les documents qui prouvent que le maire ne pouvait ne pas savoir qu’il y avait des menhirs sur place (rapport de l’Inrap en 2015), comme le préfet du Morbihan qui va à l’encontre de la prescription de fouilles avalisée par le préfet de Région. Nul ne pouvait ignorer l’importance des mégalithes du chemin de Montauban. Alors, oui, aujourd’hui, nous voulons savoir ce qui s’est passé réellement. Il y a eu beaucoup de mensonges, notamment dans les médias régionaux. Nous avons fait notre travail et nous avons collecté les documents sur ce sujet. C’est notre rôle pour que nul n’ignore ce qui s’est passé et que les responsables assument.

Vous dénoncez une présentation inexacte dans les médias ?

Oui, on a voulu nier l’importance du site, alors que tout est dans le rapport de Stéphane Hingant en 2015. On a aussi vu le maire de Carnac utiliser les menaces et le harcèlement que subissent les élus pour une communication plutôt habile afin de se dédouaner, mais qui occulte la réalité de la gravité de ce qui s’est passé au chemin de Montauban. Il est dommage que beaucoup de journalistes sur cette histoire n’aient pas plus approfondi et simplement lu les préconisations des archéologues.

Vous défendez aussi bec et ongles Christian Obeltz, archéologue amateur qui a dévoilé l’affaire ?

Bien entendu, même s’il n’a a pas été le seul à nous contacter. Beaucoup d’archéologues professionnels l’ont fait, mais ne peuvent pas s’exprimer, mais n’en pensent pas moins et sont furieux. Oui, nous défendons Christian Obeltz car c’est un lanceur d’alerte et il doit être protégé à ce titre. Certains médias ont insisté sur « amateur », alors que c’est un chercheur confirmé qui a recensé de nombreux sites. On a pu lire des choses révoltantes à son sujet, alors qu’il a eu le courage de dénoncer des faits graves. Je pense particulièrement à l’ancien ministre et président du conseil départemental du Morbihan, François Goulard, dont le texte confine à l’insulte. Il pourrait signaler qu’il a embauché son fils pour diriger l’association Paysages de mégalithes pour le classement à l’Unesco…

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Le post dont François Goulard aurait pu se passer s’il connaissait des archéologues…

D’une manière, nous nous interrogeons sur les communiqués de presse étonnants dans cette affaire. Pourquoi la Drac et la préfecture de Région ne s’indignent pas qu’on soit passé outre leurs recommandations et l’obligation de fouilles ! C’est juste la loi qu’il faut respecter…

On peut donc visiter sur Internet Sites et monuments pour connaître tous les détails de l’affaire de Carnac ou pour les contacter sur d’autres sujets. Il paraît qu’il y aurait d’ailleurs d’autres « problèmes » autour de Carnac…

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Tiens un alignement de menhirs dans le rapport de l’Inrap de 2015 ! Aujourd’hui détruit.

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