Des actions contre des résidences secondaires revendiquées par le FLB

Une quinzaine d’actions contre des résidences secondaires, dont certaines habitations détruites par des incendies depuis 2017, ainsi que des dégradations contre des bateaux et une entreprise de transports en commun, ont été revendiquées par le Front de Libération de la Bretagne (FLB). Une organisation qui avait déjà revendiqué l’incendie d’un engin de chantier à Rostrenen en décembre 2020. Reste à savoir si cette revendication est crédible et signe un retour de la violence politique en Bretagne.

C’est par mail que différents médias ont reçu un message du Front de Libération de la Bretagne (FLB), mercredi 24 novembre. Il revendique : « les attaques contre des résidences secondaires ou des profiteurs de l’industrie touristique » dans une quinzaine de communes entre le 30 avril 2017 et le mois d’août 2021. Il est à noter que la revendication ne concerne que la Bretagne administrative, aucune « action » n’étant revendiquée en Loire-Atlantique, un département dont la réunification à la Bretagne est pourtant l’une des demandes récurrentes des mouvements régionalistes, autonomistes ou indépendantistes bretons.

Le FLB exprime également son soutien aux militants des Bonnets rouges poursuivis pour la destruction de portiques écotaxe en 2013.

Comme dans les années 1960 et 1970, le communiqué est revendiqué au nom du « kuzul Meur » et comporte le sceau de l’organisation, un glaive sur une hermine.

En janvier 2021, une « action » contre un engin de chantier travaillant sur la mise à deux fois deux voies de la RN 164 à Rostrenen avait été revendiquée par le FLB par l’envoie d’une lettre à l’hebdomadaire, Le Poher :

Le FLB revendique une « action à Rostrenen

Une revendication qui interroge

L’annonce de cette revendication interroge, plus de 20 ans après la disparition de l’Armée révolutionnaire bretonne (ARB), suite à l’attentat de Quévert, et près de quarante ans après les dernières actions revendiquées par le FLB à la fin des années 1970.

Alors que certaines actions que ce FLB s’attribue remontent à 2017, la revendication tombe quelques jours après un appel à la mobilisation lancé par plusieurs organisations et partis autonomistes ou indépendantistes sur la question du logement en Bretagne.

Elle intervient d’ailleurs dans un contexte de flambée des prix de l’immobilier, notamment sur le littoral. La formation autonomiste, UDB, a d’ailleurs proposé l’adoption d’un statut de résident lors des dernières élections régionales.

Certains anciens activistes du FLB et de l’ARB se sont d’ailleurs montré septiques sur la revendication du 24 novembre. « Cela ressemble à une provocation, soit de la part d’exaltés, soit d’officines de police. Cela va faire du tort aux revendications politiques. C’est quand même étonnant que ce message arrive trois jours après un week-end de mobilisation des organisations de la gauche bretonne sur cette question », nous confie l’un d’eux.

Plusieurs actions mentionnées par le communiqué du FLB avaient été classées comme des accidents par les experts.

Le retour du FLB ?
Le premier acte du FLB remonte à 1966 avec le dépôt d’un engin incendiaire contre la perception de Saint-Brieuc. Dans les années qui suivent, les attentats se multiplient avec notamment la destruction du garage de la caserne de la CRS 13 à Saint-Brieuc en 1968. Le Front de libération de la Bretagne est alors associé à l’Armée républicaine bretonne (ARB), qui devient révolutionnaire dans les années 1970. Au cours de cette décennie, d’autres attentats marquent l’actualité, comme celui contre le pylône de Roc’h Tredudon en 1974 ou le château de Versailles (1978). La plupart du temps, ils visent des bâtiments « symboles » de l’État français, comme des perceptions, des préfectures ou des casernes de gendarmerie. À partir de 1972, les actions du FLB-ARB évoluent en conjonction avec les luttes sociales, comme, par exemple, celles contre le remembrement ou le nucléaire.


En 1981, on comptait une vingtaine de militants du FLB emprisonnés. Ils sont amnistiés par François Mitterrand. Si les attentats reprennent dans les années 1980, ils sont désormais revendiqués par la seule Armée révolutionnaire bretonne. En 2000, à Quévert, une jeune employée du McDonald’s trouve la mort, après avoir manipulé un engin qui n’avait pas explosé la nuit précédente. Un drame qui provoque une vive émotion en Bretagne. L’action n’a jamais été revendiquée, et, lors des différents procès, les militants bretons ont été disculpés pour l’attentat de Quévert. En 2000, l’ARB a restitué au juge Thiel une partie de son stock d’explosifs. Par la suite, l’ARB n’a plus fait parler d’elle.
Si le FLB semblait en sommeil depuis 1981, ces dernières années, le sigle était réapparu, principalement durant la fronde des Bonnets rouges, en 2013, avec la destruction de radars dans le Morbihan. En décembre 2013, un engin explosif avait été déposé devant la perception de Lanmeur, une action revendiquée par « ARB Nevez », la « Nouvelle ARB », ou, en mars 2014, avec des tags FLB sur le tribunal de Saint-Brieuc. En mai 2016, c’était l’entreprise Variscan, à Orléans, qui était visée par un engin explosif. Elle menait plusieurs projets de prospection minière en Bretagne. L’action avait été revendiquée par un groupe nommé « NHU », acronyme de Ni Hon Unan, qui signifie « Nous seuls » en breton.
Il y a quelques années, des inscriptions « FLB revient ! » étaient aussi visibles en centre Bretagne. En juin 2019, de nombreux Bretons avaient également reçu une mystérieuse, et quelque peu cocasse, lettre, envoyée depuis Dublin, leur demandant de rejoindre une « armée bretonne » avec une adresse dans un village centre breton… Selon un ancien militant du FLB des années 1970 : « Il y a toujours une tentation de l’action clandestine dans les mouvements bretons, note un bon connaisseur du dossier. Cela tient beaucoup du romantisme et de la nostalgie de la geste révolutionnaire. Les attentats, non meurtriers, du FLB étaient aussi un moyen de communication efficace. Mais, depuis les années 2000, avec les attentats islamistes, la fin des actions de l’IRA irlandaise et de l’ETA basque, la tentation était moindre. Dans le contexte si particulier que nous vivons, certains peuvent avoir envie de renouer avec des formes d’action plus radicales… »

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