Médecines alternatives : atout ou danger ?
L’Espace de réflexion ethique de Bretagne (EREB) organise un colloque sur la thématique « Comment rester en bonne santé avec et/ou sans la médecine conventionnelle ? ». Il aura lieu à l’espace Benoite Groult de Quimperlé le 30 septembre. De quoi méditer !
Nous avons posé quelques questions au docteur Cyril Hazif-Thomas, directeur de l’Ereb sur cet évènement ouvert à tous sur réservation et notamment sur les médecines alternatives, parfois décriées, mais de plus en plus associées à la médecine conventionnelle.
1) Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistera ce colloque ?
Ce colloque permettra de faire dialoguer médecines conventionnelles et approches complémentaires au prisme de l’accompagnement soignante. Il soulèvera les enjeux éthiques et d’éducation en santé quant à la dimension réellement humaine de la médecine actuelle.
Comment notamment ouvrir la porte au dialogue entre les différentes pratiques cliniques plébiscitées par les patients, mais jugées comme étrangères à la médecine conventionnelle ou dévaluées comme des médecines douces ?
Les patients construisent de plus en plus leur itinéraire thérapeutique personnel en y faisant cohabiter des consultations médicales de haute technicité et des démarches adjuvantes relevant d’un tout autre univers. La question est encore d’importance quand on se souvient que le médecin traitant a la délicate tâche de coordonner le parcours de soins, et ce à l’heure des réseaux sociaux qui véhiculent une grande masse d’informations, plus ou moins vérifiées..
2) De quoi parle-t-on avec les « médecines alternatives » et que peuvent-elles apporter ?
Plus de 180 pratiques alternatives et complémentaires ont été recensées dans le champ de la santé. Il s’agit le plus souvent de pratiques « encadrées », comme l’ostéopathie, l’homéopathie et l’acupuncture.
Cependant, les patients peuvent aussi recourir à des méthodes locales dite encore traditionnelles : (guérisseurs, magnétiseurs), à des techniques de relaxation (sophrologie, hypnothérapie…), de manipulation (réflexologie, chiropraxie, étiopathie), relation corps-esprit (yoga, shiatsu, méditation), de plantes et remèdes « naturels » ou de médecine chinoise…
3) Il y a longtemps eu une méfiance de la médecine « officielle » envers ces « médecines alternatives ». Les choses semblent avoir évolué, pourquoi ?
Les choses évoluent sous la pression de l’augmentation de la part de personnes vulnérables souffrant de maladies au long cours et de polypathologies.
Aujourd’hui près de 20 millions de personnes sont atteintes d’une maladie chronique. Cela représente à l’évidence « un nouveau paradigme pour notre système de santé et appelle des dispositifs ou des innovations qui permettent une prise en charge globale des personnes concernées, et autant que possible personnalisée. ».
Dans presque la moitié des cas, ces pratiques complémentaires coexistent et ponctuent régulièrement la vie des malades, plusieurs fois par mois ou par semaine sur plusieurs années.
Elles visent à améliorer les douleurs diffuses, la fatigue et plus largement la qualité de vie, cristallisant une relation « revisitée » à la santé, plus globale et respectueuse d’une philosophie de vie.
4) Y-a-t-il des dangers avec certaines pratiques « alternatives » ?
Les dangers proviennent des pratiques relevant du charlatanisme, de l’exercice illégal de la médecine, des dérives sectaires éventuelles et de l’ absence de contrôle de pratiques non documentées officiellement, alors que la médecine est déontologiquement encadrée par l’Ordre de Médecins et que les professionnels de santé sont tenus par le code de la santé publique.
Quelle place, donc, dans l’écologie de la relation de soin, pour ce que l’Académie de Médecine nomme les traitements complémentaires et le Conseil national de l’Ordre des Médecins les médecines alternatives complémentaires, à l’heure également de possibles pressions d’influenceurs sans connaissances soignantes éprouvées ? C’est cette question qui sera approfondie lors de ce colloque de l’Espace de réflexion éthique de Bretagne.
Pratique : de 9 h à 17 h 30. Entrée 25 euros. Inscription obligatoire sur le site de l’EREB.
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