Quand la députée de Morlaix oubliait de payer son apprentie à la ferme
Figure de la Macronie en Bretagne, la députée de Morlaix, Sandrine Le Feur, vient d’être réélue avec plus de 54 % des voix. De quoi provoquer quelques raclements de gorge, notamment chez ce père d’une ancienne apprentie, qui avait du attendre plusieurs mois avant d’être payée…
De l’aveu de Roger A., « ce n’est pas l’affaire du siècle, mais c’est révélateur sur la personnalité de Sandrine Le Feur ». L’homme ne digère pas ce qui est arrivé à sa fille, Tiphaine, embauchée quelques mois comme apprentie dans l’exploitation agricole de Sandrine Le Feur, en 2015-2016, un an avant que cette dernière ne fasse partie de la vague de députés En Marche, élus aux élections législatives de 2017 et ne deviennent l’une des figures du macronisme en Finistère.
Les faits
En 2015, Thiphaine A. est en bac pro « conduite et gestion d’une exploitation agricole » dans un lycée morlaisien. Elle cherche un contrat d’apprentissage et le signe avec le Gaec Du plateau Ohennec, à Pleyber-Christ. Créée le 1er janvier, cette toute jeune exploitation est co-gérée par Eddie Hameuric et sa compagne, Sandrine Le Feur. Son activité principale est la production de légumes en agriculture biologique.
Thiphaine est embauchée comme stagiaire pour plusieurs mois, à partir du 15 août 2015. Cependant, à l’issue du premier mois, Tiphaine n’est pas payée. Pas plus que le second, puis le troisième… Il faudra finalement plusieurs relances, courriers, voire menaces de prud’hommes pour que la situation se débloque. Les gérants du Gaec invoquent des difficultés financières et finissent par contracter un prêt pour rémunérer Tiphaine qui quitte l’exploitation début janvier 2016. Cette période d’un peu plus de 4 mois d’apprentissage représentait une rémunération de 3.100 euros.
Roger A s’inquiète aussi que les gérants du Gaec n’auraient pas déclaré administrativement leur stagiaire, notamment auprès des organismes sociaux. Elle n’aurait donc pas été couverte en cas d’accident du travail. Ce que dément Sandrine Le Feur… Dans un courrier de l’époque, Eddie Hameury reconnaît certains torts : « Nous regrettons de ne pas avoir été à la hauteur du mieux qu’il aurait fallu dans l’aboutissement des démarches d’administrations » et « Nous comprenons votre agacement bien entendu. Notez que c’est une première et mauvaise expérience à l’embauche pour vous et tenons à présenter » nos excuses quant à cette malheureuse situation. »
« Je n’ai pas de casseroles à ma connaissance »
Les choses se seront donc arrangées, même si elles laissent un goût un peu amer à Roger A et à sa fille. Et pas que dans cette région très agricole du Léon. « Quand on embauche quelqu’un, on le paye, même si c’est un stagiaire. Tout le monde sait cela », note un responsable syndical, très étonné.
Sandrine Le Feur et son compagnon peuvent évidemment plaider l’inexpérience, leur exploitation n’ayant été créée que quelques mois auparavant. Ils se sont, depuis, impliqués dans la vie locale, notamment pour la vente des directe des producteurs locaux. Un an plus tard, Sandrine Le Feur rejoint le jeune mouvement En Marche d’Emmanuel Macron. Elle est propulsée candidate dans la circonscription de Morlaix, face à l’une des figures montantes de la droite bretonne, Maël de Calan. Le 1er juin 2017, elle expliquait à Libération : « J’ai toujours voté à gauche, mais le clivage entre salariés et patrons me dérange beaucoup. En agriculture, on est aussi entrepreneur, avec des problématiques d’entrepreneurs et à droite, il y a aussi des idées à prendre… »
En juin 2017, la jeune femme est élue députée, chargée pendant cinq ans d’écrire ou de voter la loi, notamment les mesures parfois contestées en matière sociale de sa majorité. En 2022, Sandrine Le Feur a été réélue avec plus de 54 % des voix dans sa circonscription. Ce qui ravivera de mauvais souvenirs chez Roger A. En juin 2017, alors que l’affaire des Mutuelles de Bretagne secouait la campagne d’une autre figure de la Macronie bretonne, Richard Ferrand, Sandrine Le Feur avait eu cette curieuse défense, toujours avec Libération : « Je n’ai pas de casseroles, à ma connaissance. »
Contactée, Sandrine Le Feur a répondu à nos questions, reconnaissant que lorsqu’elle avait prise Thiphaine A en apprentissage, « elle apprenait ». Elle n’a cependant pas souhaité que ses explications soient publiées, tout en « souhaitant le meilleur à Tiphaine ».
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Bienvenue en Macronie le fief des ripoublicains ! c’est je sais tout mais je ne dirais rien