Mouvement contre les fermes usines : on a eu les éléments de langage pour le monde agricole

Plusieurs organisations écologistes appellent, ce mois d’octobre 2023, à des actions et manifestations contre les « fermes usines ». Plusieurs évènement sont ainsi prévus ce 7 octobre. De quoi mettre en émoi le monde agricole breton et l’agroalimentaire. Nous avons reçu un courrier interne d’une coopérative agricole. Morceaux choisis…

Sur le site de l’organisation écologiste Greenpeace, on trouve cette définition du concept de « ferme usine » : « Une ferme-usine est un modèle d’élevage poussé à l’extrême dans lequel est concentré une très grande quantité d’animaux sur un même site, alors que l’exploitation ne dispose pas d’une surface suffisante pour produire la nourriture de ses animaux et/ou pour épandre sans risque le lisier ou fumier qu’ils ont produits. »

Plusieurs sites seraient concernés en Bretagne, selon différents collectifs, comme ce lui  » Bretagne contre les fermes-usines, pour une agriculture paysanne territorialisée ». Sur le site du groupe, plusieurs actions sont d’ailleurs prévues ce 7 octobre, devant les préfectures ou Saint-Renan, Plestin-les-Grèves (connu pour ses algues vertes), Quimperlé et Priziac…

Du « Rafu » en perspective…

Alors que la loi d’orientation de l’avenir agricole est en discussion, ces partisans du RAFU (Résistance Aux Fermes Usines) entendent donc faire du bruit autour du sujet ce week-end. De quoi inquiéter ou agacer dans les mondes agricoles et agroalimentaires. « On nous a demandé de ne pas laisser nos voitures de service sur le parking de la boite ce week-end », confie un salarié d’une coopérative.

Un autre salarié nous a fait parvenir les « consignes internes » de son entreprise pour savoir comment réagir face à ce mouvement qui entend aussi lutter d’une manière générale contre le « système agro-industriel ». Nous nous sommes procurés le document.

Il explique ainsi que : « Les pouvoirs publics sont prévenus et en alerte, sous consigne du ministère de l’Intérieur. Au niveau local, lesservices de gendarmerie sont informés, notamment via les FDSEA. Afin d’éviter toute intrusion dans vos fermes, installations, vos IAA, ou vos installations, il est impératif de sécuriser tous les accès aux bâtiments et de bien identifier et fermer tous vos accès privés. »

En cas d’intrusion, il est conseillé : « 

en cas d’agression, d’intrusion ou de dégradation, de :

  • « contacter votre gendarmerie immédiatement ;
  • ne pas aller à leur contact, ne pas chercher à les faire sortir par la violence ou la menace ;
  • rester calme, ne pas chercher à dialoguer avec eux ;
  • éviter tout geste ou attitude provocante – tout peut servir à alimenter leur combat via les réseaux
    sociaux ;
  • rester en retrait en attendant l’intervention de la police ou gendarmerie ;
  • dans la mesure du possible, filmer la situation (ces éléments peuvent servir de preuve et vous
    protéger en cas de fausse accusation). »

Elements de langage

Dans ce documents, on trouve aussi les « éléments de langage » à donner à la presse. On les donne ici, comme c’est fait !

Donc, voici l’argumentaire, qui déborde d’ailleurs du simple problème des « fermes usines » :

« Ne jamais parler de « fermes usines » : la définition donnée par RAFU de ferme usine est « On parle
de « ferme-usine » quand des méthodes ou processus industriels sont appliqués à l’élevage, aux
cultures, à l’utilisation des terres ». 3 impacts sont considérés par ce mouvement comme définissant
les fermes usines : une rupture du lien avec le sol, des impacts sociaux et économiques, des impacts
environnementaux, climatiques et sanitaires. »Ne jamais parler de « fermes usines » : la définition donnée par RAFU de ferme usine est « On parle de « ferme-usine » quand des méthodes ou processus industriels sont appliqués à l’élevage, aux cultures, à l’utilisation des terres ». 3 impacts sont considérés par ce mouvement comme définissant les fermes usines : une rupture du lien avec le sol, des impacts sociaux et économiques, des impacts environnementaux, climatiques et sanitaires.

  • En Bretagne, en Pays de la Loire et en Normandie, nous avons des fermes, des entreprises agricoles,
    à taille humaine. La taille moyenne d’une exploitation de l’Ouest est de 62 ha, largement en-dessous
    de la moyenne nationale qui est à 90 ha, sans parler des autres pays européens qui possèdent des
    fermes bien plus grandes.
  • Procédés de production : ne faut pas rentrer dans le jeu de discussion sur ce sujet : la France a
    l’agriculture la plus durable au monde, qui apporte énormément à la population : alimentation locale
    diversifiée et de qualité, sécurité alimentaire, emplois, vitalité des territoires, qualité des paysages,
    gestion des milieux pour éviter les friches, biodiversité, captage de carbone (l’agriculture est le seul
    secteur à avoir un tel effet positif sur le climat). Concernant l’élevage hors-sol, les pratiques sont les
    meilleures au monde, avec une réglementation drastique sur les gestions des effluents et des impacts
    environnementaux. Les effluents des élevages sont utilisés pour la fertilisation des cultures de
    proximité, contribuant ainsi à une économie circulaire.
  • Bien-être animal : les éleveurs respectent la réglementation européenne, la plus stricte du monde.
    Ils sont aussi engagés dans des démarches constantes de progrès.
  • Les Français préfèrent manger local que manger des produits importés : taper sur l’agriculture
    locale, c’est détruire cette possibilité. Nous ne maitrisons pas les conditions de production des
    produits importés contrairement aux produits locaux. Toute ferme ou entreprise qui ferme en
    Bretagne ne sera pas remplacée par une autre en France, mais bien par de l’importation ! Alors même
    que nos partenaires européens et mondiaux ne respectent pas les mêmes normes et qu’ils installent
    des élevages XXL. C’est la profession (et non nos adversaires) qui s’est mobilisée lors de la signature
    des accords tels que Mercosur pour l’application de clauses miroirs.
  • Les Français mangeraient trop de viande : d’un point de vue nutritionnel, il est recommandé de
    manger équilibré, ce qui inclut des protéines animales et des aliments végétaux. Or, aujourd’hui, la
    France n’est pas auto-suffisante en production animale, ni en fruits et légumes. La baisse actuelle de
    production amplifie ce phénomène. On importe de plus en plus de poulets, de bœufs et de légumes.
    Il est temps de reconquérir notre production pour garantir la sécurité alimentaire des citoyens
    français. On note d’ailleurs une déprise de l’élevage en France et particulièrement en Bretagne, ce
    qui est inquiétant lorsque l’on promeut les circuits courts.
  • Il faudrait plus de productions Bio : il y a une crise forte du bio et des labels : les producteurs se dé-
    convertissent parce que leurs produits ne se vendent pas.
  • Attaques et dégradations : il faut que ces violences et les dégradations qui ont lieu sur les
    exploitations cessent et doivent être sanctionnées. Cette stigmatisation et ces attaques sont
    insupportables et intolérables. Les producteurs réalisent leur activité légalement et sont
    régulièrement contrôlés par l’administration. Ils ne doivent plus subir d’actes illégaux sans impunité. »

Voilà qui promet donc quelques dialogues savoureux ce 7 octobre….

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