Ecologie radicale contre protection de l’environnement et essor économique : le grand écart breton

Tribune de Loïk Le Floch-Prigent.

Les champions de la défense des écosystèmes et de la biodiversité devraient être les premiers dans l’analyse des conséquences de leurs décisions sur la vie de leurs concitoyens, il n’y a pas qu’en Bretagne que cela arrive, mais avouons que c’est bien dommage car c’est la plus belle région du monde.

Ainsi les manifestants ont été nombreux pour demander que soit poursuivie l’activité des Fonderies de Bretagne à Caudan , mais ont-ils compris que c’est la politique « écologique » de la France à l’égard de l’automobile qui condamne à court ou moyen terme leur activité. Ont-ils fait le rapport entre la disparition brusquement décidée par le Gouvernement et quelques Maires de grandes villes des véhicules diesel puis de ceux à essence qui conduit tout simplement quelques fonderies ici ou là , quelques sous-traitants automobiles à disparaitre prématurément ? Et ce n’est pas fini car on observe que les français achètent moins de voitures neuves que l’année précédente, ils se ruent sur les occasions car ils ne savent plus quel type de véhicule aura encore le droit de rouler et le nombre de bornes électriques installées est insuffisant pour leur donner confiance dans le tout électrique. Et donc ces lois votées à la va vite pour satisfaire l’écologie radicale vont percuter sur toute l’activité française, et donc sur Citroën à Rennes ! Déjà  le nouveau groupe Peugeot Citroën Fiat désormais dénommé Stellantis va fermer ses moteurs thermiques à Douvrin pour les installer en Hongrie, comme les injecteurs diesel de Bosch à Rodez sont partis en Turquie…Les Français peuvent effectivement être vertueux écologistes mais les voitures « sales » seront faites et vendues ailleurs …tout le monde n’est pas aussi bête. Bien sur on nous dit que nous allons devenir le grand constructeur de voitures électriques du monde, mais regardez la réalité, les batteries et les moteurs sont faits en Chine et les constructeurs commencent à assembler leurs voitures en Chine pour le marché mondial !

Exiger des voitures électriques avant de savoir les fabriquer a été une erreur gouvernementale, parlementaire, politique encouragée par une presse aux ordres de l’écologie, il va y en avoir des manifestations de pleureurs et de pleureuses, mais on sait quelle est la racine du mal.

Les pêcheurs de la Baie de Saint-Brieuc se réveillent enfin alors que devrait commencer l’installation des éoliennes espagnoles près du Cap Fréhel. Les écologistes, après avoir fait construire les éoliennes à terre ont voulu généraliser un programme en mer. Peu importe l’existence d’une pêche côtière, de sites magnifiques, de faune et de flore marines, d’oiseaux migrateurs, les éoliennes doivent passer, c’est l’avenir du monde et donc de la Bretagne. D’ailleurs notre pauvre Péninsule n’est pas autonome en énergie, il faut lui en fournir avec l’énergie des mers ! Est-ce que Paris est autonome en lait ? La Bretagne reçoit son énergie d’autres provinces et leur fournit une partie de leur alimentation, il en a été ainsi depuis …très longtemps. C’est donc un argument stupide qui est venu au secours d’un projet débile d’utilisation du vent en mer (et non de l’énergie des mers) d’abord imaginé près du Mont Saint Michel puis de Saint Malo et qui a fini par arriver au Cap Fréhel. A quatre fois le prix du Mwh habituel, avec des espagnols aux commandes, des allemands au matériel et une bretonnisation un peu complexe, tuyaux venant d’Espagne, soudés à Brest et renvoyés en Espagne pour finition, on voit qu’il ne faut pas être trop regardants sur le « fabriqué en Bretagne « d’autant que c’est devenu difficile de trouver des soudeurs bretons ou même français ! Ces éoliennes n’ont rien à faire en ce lieu, « pas ça , pas là », la puissance installée est ridicule au regard des inconvénients environnementaux, la production sera intermittente et le quart de ce qui est annoncé , la plage de Cairoual à Erquy est déjà un désastre en attendant celui qui va exister au fonds de la mer avec le transport des rochers et la bétonnisation à outrance , plus de trois ans d’une turbidité qui ira jusqu’à Dinard, Cancale et l’ile de Bréhat pour une électricité inutile et hors de prix .Mais encore une fois ce sont des Assemblées, des élus, qui se sont laissés entrainer dans des programmes qui n’ont que le nom d’écologiques, ce n’est pas en détruisant notre environnement, nos cotes et nos fonds marins qu’on en assure la protection.

On attribue à Bossuet la phrase suivante : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes », la Bretagne et les Bretons doivent comprendre que les maux qu’ils croient combattre sont venus de l’absence de prise en compte de l’ensemble de leurs écosystèmes lors des décisions prises sur le coup de l’émotion ou de la science mal digérée. Avant de supprimer un produit quel qu’il soit il faut étudier son rôle, sa fonction, et s’imaginer dans la situation de son éradication : quel produit le remplace ? On a vu qu’il n’était pas si simple de se priver de glyphosate et que les substituts sont à la fois plus chers et moins efficaces aujourd’hui, il faut donc aller prudemment sur toutes les évolutions. La brutalité des mesures prises pour satisfaire les promoteurs du véhicule électrique, les promoteurs des éoliennes et les tenants du bio ont des conséquences dramatiques sur l’industrie, la pêche, l’agriculture, sur l’emploi et sur l’économie bretonne. On se doit de défendre l’environnement mais pas n’importe comment avec des dogmes mortifères. La démonstration du caractère « écologique » du véhicule électrique sur tout le territoire national est loin d’être faite, mais il est clair que la pollution dans les villes est améliorée avec sa généralisation : cependant on ne fait que déplacer la pollution vers d’autres régions du monde. L’énergie éolienne installée dans la mer est chère et dévastatrice, c’est pourquoi on s’essaie à des éoliennes flottantes très loin des cotes dans tous les pays aujourd’hui , les installations prévues en mer française sont donc archaïques, l’agriculture même « bio » a besoin des pesticides, il s’agit d’en modérer et de surveiller leur emploi…   

Loïk Le Floch-Prigent

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1 réponse

  1. Emilie Le Berre dit :

    Quelque soit le milieu il y a une infime partie des gens qui comprenne ce qu’est l’énergie d’où les incohérences apparentes qui se multiplient. Apparentes parce qu’il y a une logique commune dans tout ça : le toujours plus. Certains domaines sont saturés ou à bout de souffle, il faut trouvé un discours et une technologie qui vont permettre de relancer la consommation. La mode est de peindre en vert tout ce qui permet de consommer en bonne conscience. Quelque soit la direction prise ce seront toujours les mêmes qui en tireront les fruits, les populations seront comme toujours ballotées au gré des modes et des frustrations que l’on aura créé pour elles pour faire tourner la cage à hamster.
    Depuis quelques mois le mattraquage publicitaire des voitures électriques est incroyable. Des voitures frolant les 2 tonnes toutes auréolées alors que l’on sait que la vraie voiture écologique pèse 500 kg et plafonne à 70km/h et roule au pétrole.
    Mais pour son image sociale qui va rouler dans de telles voitures ?
    Pour continuer de rouler, ces voitures électriques auront toujours besoin de routes et de pneus, de quoi sont-ils faits ? De pétrole. Or le rafinnage pour obtenir le goudron et le produits pour les pneus va aussi produire de l’essence et du diesel. Qu’en sera t-il fait si comme prévu en 2035 on sera au tout électrique ? Brulés dans des torchères ?…
    Quand on s’intéresse à l’histoire des technlogies on apprend que l’automobile était refusée par la population, en ville par exemple, sa dangeureusité a détruit les jeux de rue des enfants, New York a vu des manifestations anti-automobile au début du XXe siècle. Mais voila ensuite le besoin a été créé artificiellement et tout le monde voulu faire comme les riches.

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