On a eu du goût avec les odeurs de la Bretagne de Roger Faligot !

Le journaliste et écrivain Roger Faligot, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, vient de publier un ouvrage très stimulant sur les « odeurs de sa Bretagne ». Une déclaration d’amour olfactive pour un pays qui, en ce domaine comme en d’autres, ne manque pas de singularités…

Grand reporter – il a notamment suivi les troubles en Irlande du Nord -, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, notamment sur les services secrets dans le monde, Roger Faligot aime aussi à s’adonner à des exercices plus légers, comme le roman. Cette année, ce fin connaisseur des mondes celtiques nous propose une savoureuse plongée dans les odeurs qui font la Bretagne. « J’ai rédigé ce texte pendant le Covid, explique-t-il. C’était une période si spéciale, avec le risque d’attraper cette maladie qui, justement, pouvait vous priver d’odorat… »

C’est aussi que Roger Faligot possède de grandes capacités olfactives. « J’aurai peut-être pu être un nez, de ceux qui travaillent dans les entreprises de parfums… Ce sont des personnages qui m’intéressent beaucoup. J’ai notamment un personnage pour l’un de mes romans qui aura cette faculté. » En homme de lettres, Roger Faligot apprécie également l’odeur des livres. « Il y en a une multitude, comme autant de papier. Le papier bible de la Pléiade est caractéristique. L’odeur a d’ailleurs changé quand la production par Bolloré a quitté la vieille usine sur l’Odet pour l’Est de la France. Les livres russes ont aussi une odeur très particulière, en fonction des bois utilisés pour faire la pâte à papier et parce qu’ils sont souvent assemblés avec de la colle d’esturgeon… »

Au cours de ses recherches, Roger Faligot a été fréquemment confronté à la question des odeurs. « Par exemple, lorsque j’ai écrit Brest, l’insoumise, je suis tombé sur les suppliques des habitants du cours d’Ajot qui se plaignaient des remugles des tanneries situées en bas, sur l’actuel port de commerce. »

La vie sociale du peuple breton

Cette question des odeurs, Roger Faligot a commencé à la travailler alors qu’il suivait les cours du Diplôme d’études celtiques de Rennes II. « Mais ce n’est pas qu’un sujet universitaire, c’est quelque chose dans laquelle tout le monde peut se reconnaître, qui parle aux lecteurs… » Il nous livre donc les odeurs de « sa Bretagne », un ouvrage paru aux éditions Géorama. « J’avais envie de parler du peuple breton à travers ses odeurs qui évoquent toute une vie sociale, celle des marins, des paysans, des urbains comme des ruraux. »

Le livre s’appuie bien entendu sur des souvenirs personnels. « Les odeurs ont aussi un parfum de vacances », s’amuse-t-il. En ouverture, il décrit d’ailleurs les siennes, à Piriac, en Loire-Atlantique.

Roger Faligot recense les artistes que les odeurs de la Bretagne ont inspirés. « J’essaye d’avoir une vision panoramique des choses, avec des chansons et des poèmes. On s’aperçoit d’ailleurs que de Botrel à Stivell, beaucoup ont évoqué cette diversité d’odeurs et de parfums… »

On se laisse donc guider des odeurs de « poisson pourri et de sardines frites » du port de Nantes, jusqu’à « l’âcre odeur de sueur des laboureurs » de la Bretagne intérieure… Sans compter les odeurs de l’histoire, de celle, suave, des vieux saints fondateurs, à celle supposée plus musquée de la duchesse Anne. « Il y a encore beaucoup de choses à trouver sur le sujet, confie-t-il, notamment sur la privation d’odorat. Personne ne parle, par exemple, de l’expérience des grands gazés pendant la Première Guerre mondiale… »

Sans compter qu’il s’agit aussi d’une histoire d’amour et de « fragrances de sexe ». C’est particulièrement vrai avec la langue bretonne, dont il se fait un plaisir de recenser les expressions parfois imagées pour parler de ces choses-là !

Poétique, parfois nostalgique, l’ouvrage de Roger Faligot est une jolie visite de la Bretagne et une invitation à mettre en valeur ce patrimoine étonnant…

Roger Faligot, Les Odeurs de ma Bretagne, Histoire d’un patrimoine olfactif, Géorama, 250 pages, 14 euros.

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